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 La Peur

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Nymphe Ydeil
Enfant de Lune
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Nymphe Ydeil


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MessageSujet: La Peur   La Peur Icon_minitimeDim 3 Avr 2011 - 21:38


À toi Maxime, encore une fois, parce que tu m'as appris à m'écrire.

[align=justify]Boum … tic… boum boum… tac… boum… tic… boum boum… tac. Plongée dans le noir, j’écoute le battement sourd de mon cœur, un peu plus rapide que le réveil qui marque les secondes. J’ai mal au dos à force de rester assise contre le mur, mais je refuse de changer de position. À vrai dire, je ne peux pas le faire. Quelque chose me bloque, me paralyse. Je ferme les yeux dans ce silence angoissant, je ressers un peu plus mes bras autour de mes genoux que j’ai ramenés contre ma poitrine et j’essaye de reprendre mon souffle. Bien sûr, ce n’est qu’une vaine tentative. Dans cette posture, je ne peux que ressentir davantage l’oppression qui comprime mes poumons.

Je voudrais vider mon esprit, mais sans grand succès. Je repense à cet avion qui va m’emmener ailleurs. Mais quel ailleurs ? Je ne le sais pas encore. J’essaye d’imaginer ce que pourraient être les quelques heures qui vont suivre. Peu importe l’issue de ce qui m’attend, je n’aspire qu’à la délivrance. Qu’on en finisse enfin, qu’on m’achève. Un spasme me tord l’estomac. J’ai envie de vomir. De pleurer. Je sens les traits de mon visage se crisper, mes yeux se mouillent derrière mes paupières closes, mais je retiens mes larmes.

Ne pas pleurer. Ne surtout pas pleurer. Essayer, par tous les moyens, de fuir la panique qui me gagne avec cette sournoiserie typique du venin. Mais elle galope dans mes veines comme un cheval indomptable et je me tords de peur sur le sol froid. Je tremble à présent. Mes dents claquent, je sens le chatouillement familier qui parcourt mon ventre et mes bras, puis ma colonne vertébrale. Non, rien à faire, je n’arrive pas à me calmer. Plus j’essaye, plus mes pensées s’emballent.

Je sais déjà qu’ils ne m’épargneront pas. Pourquoi le feraient-ils ? Je vais craquer, je le sens. Jamais je ne pourrais les affronter. Je me sens sur le point de m’effondrer, sans aucune force pour lutter contre ce qui se profile. La tension qui m’a envahie n’aide en rien. Je panique littéralement, terrorisée à l’idée d’être vaincue, brisée par leur interrogatoire. Je n’ai plus d’énergie. Des idées de plus en plus folles me traversent l’esprit, à tel point que j’ai perdu toute notion du temps qui passe, confondant les jours, les heures. Je laisse en suspens des phrases dont j’ai perdu le fil parce que mon cerveau s’est arrêté pour contempler une fois de plus l’abîme qui grandit en lui : abîme de cette peur qui le terrasse et le monopolise.

Un nœud constant me vrille l’estomac. Je ne dors plus que sporadiquement, d’un sommeil qui n’a plus rien de réparateur. Je rêve à longueur de nuit puisque je n’arrive plus à reposer mon esprit. Le moindre livre ouvert devient une source d’angoisse au lieu de me permettre de fuir. Même dans ces mondes imaginaires dont j’ai fait autrefois mon refuge, je ne puise plus que la peur. Les films ne me divertissent plus et je ne trouve plus le moyen de me vider l’esprit à travers eux. La moindre émotion forte me donne des cauchemars pendant des jours.

Boum boum… tic… Je frissonne à nouveau, enfonce mes ongles dans mes genoux. Délivrez-moi, finissons-en. Je n’en peux plus de cette attente ! Faites enfin que ça s’arrête ! Mais je sais qu’ils ne viendront pas immédiatement. Tous les huit jours seulement. J’ai huit jours pour me préparer entre chaque épreuve. Et cette fois, ce sera la dernière. Après, l’avion m’emmènera. Je pourrai oublier. Oh, si seulement je pouvais oublier. Est-ce que je pourrai ? Est-ce que cet ailleurs suffira à balayer toute la tension accumulée, toute la peur ?

Les larmes ont coulé sur mes genoux. Je ne m’en étais pas rendu compte. J’essuie mes joues d’un geste rageur : ne pas pleurer j’ai dit ! Mentalement, je me reproche d’être une gamine sentimentale sans force. Mais mon corps proteste. Mes poumons se contractent, des sanglots muets me secouent toute entière. Que ça finisse, je vous en supplie… Mes yeux me brûlent tellement. La tension accumulée me fait mal physiquement, mes muscles sont tellement tendus que des crampes m’obligent à déplier le bras droit, puis la jambe droite. Je reste là, appuyée contre le mur, contrôlant mal ma respiration et les secousses qui brisent sa régularité.

Boum boum… tic… boum… tac… boum boum… Je laisse échapper un soupir entre mes lèvres entrouvertes. Il me faudrait du courage pour me remettre à mon labeur. Mais l’idée seule m’en est insupportable. Je rechigne à y aller, à recommencer, encore et encore, à lutter. Je voudrais abandonner. Ça serait si facile, et si douce serait la fuite qui en découlerait. Pouvoir tout lâcher, tout fuir, ne plus penser à rien. « Heureux les simples d’esprit, » disait Nietzsche. Il avait tellement raison.

Je cherche une motivation quelconque pour pouvoir me lever, quitter ma torpeur, me redresser et reprendre ma tache. Je n’y arrive pas. Mes larmes se sont taries, mais mon corps me fait défaut. Si l’esprit résiste encore, mon corps, lui, est brisé par la terreur qui pèse sur moi. Finalement, peut-être que tout est déjà fini, peut-être qu’ils ont gagné, que j’ai déjà rendu les armes. Ma défaite prend forme dans ce corps inerte, glacé jusqu’à l’os, mort à force de fatigue morale. Je ferme les yeux, ravale les nouveaux sanglots qui montent dans ma gorge. Ne pas… trop tard, les larmes coulent.

Boum… tic… boum… tac… Je sombre, je sombre chaque minute plus bas. Je sais que si je reste là, immobile, à moitié recroquevillée sur moi-même, je vais me laisser aller au sommeil pour fuir au moins un peu la réalité. Je n’y trouve aucun repos, mais au moins, livré à lui-même, mon cerveau ne peut plus atteindre mon corps et je ne sens plus la tension physique qui noue chacun de mes muscles. Je ramasse mes jambes sous moi, puis, une main sur le mur, je me redresse. La nausée me gagne à nouveau, je tremble tellement que mes jambes menacent de se dérober sous moi. J’appuie mon visage contre le mur froid. Aucun soulagement, nulle part. Un frisson au creux des reins. Je tends la main sur ma droite, puis la laisse retomber contre mon flanc.

Je n’ai même plus la force d’atteindre l’interrupteur, de faire la lumière sur ma vie. Ça serait si facile de se dire que ces ténèbres peuvent me délivrer. Mais je sais que ce n’est pas le cas. Je suis seule et je dois lutter seule. C’est moi avec moi. Moi contre moi. Et après seulement, moi contre eux, s’il me reste encore une once de force. Ça serait si facile si je pouvais affronter cette peur qui me tétanise, si je pouvais repousser la chape de détresse qui menace de me couler définitivement. Comment ont-ils pu me ruiner à ce point ? Je dois lutter encore, encore un peu, un tout petit peur. Si je pouvais prier, je n’aurais jamais plus de ferveur qu’à cet instant, mais je n’ai pas plus de Dieu que d’espoir. Alors je coule en silence.

Je sais ce que c’est d’être au fond du trou, j’y ai déjà été. Je sais qu’après leur interrogatoire, tout changera, en bien ou en mal. Ma liberté ou mon enfer me guette à l’issue de ce moment. Je sais par expérience que c’est au moment où l’on croit avoir atteint le fond de l’abîme que celui ci se dérobe sous nos pieds et nous laisse entrevoir l’infini du néant. Je sais aussi que je peux plonger encore plus profondément, que j’ai encore en moi des forces insoupçonnées qui me guideront jusque là. Je dois juste les trouver, chasser la peur, ne pas la laisser me tétaniser.

Je glisse un pas sur le côté, puis un autre. Ma main atteint enfin l’interrupteur et la lumière jaillit, m’aveugle. Je me détourne du mur et m’habitue progressivement à la lumière. En face de moi, un miroir me renvoie l’image d’un visage défait, si pâle qu’il semble ne pas avoir vu le jour depuis l’éternité, au regard si vide que la mort elle-même ne l’aurait pas vidé davantage. Des cernes soulignent mes paupières d’ombre, ma bouche a cessé de sourire. Depuis quand ? Depuis quand ne suis-je plus capable de supporter l’attente ? Depuis quand suis-je si faible que la peur fait de moi son pantin ? J’en ai vu d’autres, je suis passée par là déjà. Ce n’est qu’un interrogatoire, rien de plus, pourquoi ai-je tellement la sensation que ma vie peut basculer à tout moment si je peux les vaincre ?

Je veux sourire à mon reflet. Mes lèvres esquissent le début d’une grimace tremblotante. Mes yeux menacent de se noyer. Peut-être parce que c’est le troisième interrogatoire en trois semaines. Parce que chaque fois, la peur est montée d’un cran. Parce que si je suis sortie vivante de ces interrogatoires, ils m’ont laissé anéantie, vidée de toute énergie, avec la tache pratiquement insurmontable et complètement insupportable de devoir attendre le prochain, en espérant qu’il soit enfin le dernier. Mais ce n’est jamais le dernier. Chaque fois que l’espoir me prend, que je crois que c’est fini, on me renvoie ici, au point de départ. L’attente recommence, la peur à nouveau me submerge, me glace, me prend et me détruit.

Oh, s’il vous plait, que ça s’arrête. Je détourne les yeux de mon reflet et les dépose sur le bureau qui occupe le coin de la pièce. Des piles de papiers et de livres éparses. La source même de ma détresse. Ce que je vais devoir affronter pour encore une semaine entière. Je m’avance à regret, pose la main sur le dossier de la chaise. Mes jambes m’abandonnent, je me laisse tomber sur le siège. À travers le voile trouble de mes larmes, je regarde mes cahiers et mon cœur s’accélère à l’idée de ce qui m’attend. Je dois les affronter. Je dois le faire, essayer au moins. Repousser la peur, la dompter pour ne pas lui laisser le droit d’obscurcir mon jugement. Après tout, ce n’est jamais qu’un examen universitaire de plus. Après, l’avion m’amènera en vacances et tout sera fini. Après… D’ici là, je dois réviser.

Boum boum… tic… boum boum… tac… boum boum… tic… boum boum… tac.
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MessageSujet: Re: La Peur   La Peur Icon_minitimeMar 5 Avr 2011 - 19:21

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