Le vaisseau virevoltait.
L'éther était le terrain idéal. Loin de l'attraction d'un astre, les propulseurs de maintien étaient utilisés pour améliorer la maniabilité de l'esquif. Le plasma des deux moteurs se déversait alentours, le collant délicieusement au siège et lâchant dans l'espace une trainée colorée, changeante, alors que les gazs surchauffés se dispersaient dans la froideur de l'univers.
Il senti les compensateurs de gravité s'activer quand il amorçait un demi tour serré. Les harnais de sécurité de l'astronef le serrèrent plus fort.
Le bombardier pivota sur lui même. Il remit les gaz et soudain une lueur inonda l'espace. Le vaisseau s'immobilisa un instant, s'enveloppât dans une gangue blanche... Puis parti comme une balle. Le soleil se réfléchissait sur les flans de l'appareil d'une centaine de mètres d'envergure le faisait sembler à une aile d'argent.
Aujourd'hui il était bien loin de ses missions de destructions et il donnait tout son potentiel. La guerre était terminée, tous les peuples fêtaient un armistice qui était déjà attendu depuis longtemps.
Bien sûr, les pertes inconsolables étaient encore là, mais plus personne ne voulait penser aux massacres, à la mort. Même ceux qui avaient peu perdu n'aspiraient pas à écraser leurs adversaires. Tous voulaient croire à la paix. La paix possible. La paix probable.
Il pensa à ça alors que la musique résonnait dans l'habitacle. Pour sa bravoure, on lui avait laissé son jouet, le
Brave. Désarmé, restait impressionnant. Les bombes avaient déserté ses flans. Elles avaient fait place à de complexes dispositifs pyrotechniques.
On l'avait chargé de larguer dans l'atmosphère de nombreuses fusées, en ce jour de fête.
Le Brave longeait l'atmosphère de la planète, cockpit à l'envers. De là, on pouvait voir les villes qui s'étendaient le long de la côte, les métropoles, les villages, et enfin les endroits où la paix régnait, sans lumière, sans bruit.
Il coupa les réacteurs principaux, laissant le bombardier sur sa lancée. Dans le silence le plus total, le vaisseau décrit une courbe immense, pivotant sur lui même. Le pilote observa avec netteté la lune frappée par la lumière du soleil; il fut éblouit un instant, mais le bombardier piquait déjà du nez, entamant une chute vertigineuse vers la Terre.
Le bouclier protégeait le lourd blindage de l'engin, son bleu contrastait avec les gazs surchauffés qui le côtoyaient.
La radio crépitant, lui annonçant le début des festivité. Il actionna plusieurs commandes, le
Brave cessa de vibrer et se stabilisa bientôt. Il prît le cap de la capitale, il avait un feu d'artifice à lancer.