Communauté de RPistes
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


Marchands de Rêves Prod.
 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment : -20%
(Adhérents Fnac) Enceinte Bluetooth Marshall ...
Voir le deal
199.99 €

 

 La Cathédrale de Sionabel

Aller en bas 
AuteurMessage
Nymphe Ydeil
Enfant de Lune
Enfant de Lune
Nymphe Ydeil


Messages : 6433
Date d'inscription : 06/08/2007

La Cathédrale de Sionabel Empty
MessageSujet: La Cathédrale de Sionabel   La Cathédrale de Sionabel Icon_minitimeJeu 3 Déc 2009 - 3:35



......Depuis quelque temps déjà, il observait l'immense cathédrale de pierres noires. Autour de la dame ténébreuse, des bâtiments de bois délabrés laissaient imaginer qu'un jour, la vie et l'activité avaient été foisonnantes en ces lieux. Le vent vint lui caresser les cheveux, l'arrachant brièvement à sa nostalgie. Il releva la tête et observa la flèche noire qui se détachait dans le ciel du crépuscule, menaçante et pourtant si attirante, si hypnotique. Il n'y avait pas de tuile sur ce toit pentu. C'était la pierre qui abritait tout. On n'y voyait nulle trace de jointure, nulle trace de charpente non plus. Seulement la pierre, obscure comme l'obsidienne, et le verre, se mariant pour faire sortir de terre cette masse ténébreuse dont on avait tant parlé, qu'on avait tellement crainte, qu'on avait décriée et finalement, qui avait été oubliée, laissée pour compte.

Mais le Forum était toujours là, immuable, millénaire. Il était toujours abrité par l'immense construction, traversant le temps comme un fantôme, côtoyant les empires, la gloire et l'ignorance dans un stoïcisme irréprochable.

Fallait-il s'étonner que cette demeure ait accueilli jadis les plus grands orateurs des cent Mondes ? Aujourd'hui, le spatioport avait presque disparu, emporté par des querelles d'Empereurs. Ceux qui avaient fait bouillonner l'Univers s'étaient déchirés depuis longtemps et tout ce qui avait eu de la valeur avait été emporté, pillé, détruit, massacré. Seule la Cathédrale avait été épargnée, par respect, par la force des souvenirs qu'elle appelait, par crainte aussi. Et parce qu'il aurait été impossible d'arracher une seule des pierres noires de cette planète au nom mythique. Finalement, le lieu même avait été oublié, avait disparu des cartes. Il fallait le connaître, faire confiance au mystères suivre les plus anciennes légendes pour accéder à ce sanctuaire.

Ici, au coin le plus reculé des cents Mondes, aux frontières de l’Univers connu, seul le Forum avait encore de l’intérêt. Mais il avait été déserté, comme tout le reste, et la paix régnait sur la petite planète qui sombrait dans une gangue d’oubli, de silence et de ténèbres. Pourtant, le lierre qui avait avalé les autres bâtiments n’avait pas de prise sur la Cathédrale. Elle se dressait toujours, toute de noire vêtue, noble, contre le temps. Seul le vent osait encore l’affronter, sifflant dans les crêtes de pierre.

Là vivait la Sayyadina.

Au moment où cette pensée traversa l’esprit du visiteur, il aurait juré voir une silhouette passer derrière l’une des immenses baies de verre. Mais ce n’était peut-être que le reflet d’une aile de corbeau dans le ciel du crépuscule.

Lentement, profitant de chaque instant, il s’approcha. Il passa devant quelques vestiges vermoulus, puis, au bout d’un quart d’heure de marche, il se trouva enfin devant les lourdes portes noires. Elles mesuraient plus de vingt mètres de haut, de sorte qu’on aurait pû sans difficulté y faire passer un chasseur. Cette porte aurait pu résister à tous les assauts, mais son but n’avait jamais été de repousser les voyageurs. Elle n’avait jamais bloqué la progression de qui que ce soit. De nombreux motifs y étaient gravés sur toute sa hauteur, la creusant parfois de la profondeur d’un bras. Les visages sculptés, que l’homme honnête voyait affables et doux, paraissaient menaçants et terribles à celui qui portait en lui de mauvaises intentions. C’était là tout le mystère de ces lourdes portes.
Ces spectres de bois s’effaçaient à hauteur d’épaule. Les visiteurs avaient mainte fois pris appui sur le battant pour de sorte que la matière s’était creusée. La force de milliers de passants avait inlassablement aplani la matière, et chaque nouveau passage laissait quelques atomes sur la paume des errants venus voir ce qu’était le Forum.

La porte était entrouverte, cela balaya ses hésitations. Après tout, il avait été invité… Il enfonça sa main dans sa poche comme pour s’en assurer. Ses doigts rencontrèrent le morceau de parchemin sur lequel une encre de feu avait tracé sa convocation. L’Écriture de la Sayyadina. Comme tous les autres, il se cambra et poussa la porte. Au contact du bois, il sentit qu’un échange s’opérait. Il était comme lié à ce seuil. Il sentit alors le contact. L’espace d’un instant, il vit sur sa paume comme un brouillard, une légère brume irisée. De la Magie à coup sûr… Il souffla, dissipant le nuage et acheva son effort.
Le pan que l’apprenti poussait pivota lentement. Entraîné par son poids, il continua sur sa lancée bien après que l’homme ait arrêté de pousser. Le visiteur avança d’un pas dans l’ombre de la Cathédrale. Il hésita à se signer tant ce qu’il voyait aurait pu donner la foi. Il y avait quelque chose de profondément digne et majestueux dans la salle qui s’ouvrait à lui. Par les immenses baies de verre, les dernières lueurs du crépuscule tombaient en longues cascades lumineuses dans lesquelles dansaient des particules de matière. Elles illuminaient, à perte de vue, les rayons de bois d’une immense bibliothèque, temple ou tombeau d’un savoir hors du commun. C’était le Forum.
Il avait été voulu ainsi : chaque visiteur, en entrant, apportait un ouvrage, sa contribution. Lui avait apporté un feuillet, écrit de ses mains, à la façon d’antan. Il ne le tenait que du bout des doigts désormais, contemplant les millions d’ouvrages disposés sur les étagères. Cette Cathédrale était creuse, et pourtant n’était pas vide. Il n’y avait pas de charpente visible, mais des forêts y séjournaient. Tandis qu’il avançait, ses talons frappaient les carreaux de marbre beige et bleu. Chaque son résonnait, le renvoyant à sa profonde solitude. Lorsqu’il arriva au centre de la salle, sur la rosace de marbre, contemplant la nef immense et solennelle, il tomba à genoux. Ses feuillets s’envolèrent en claquant dans le silence.

« Ainsi, c’est ici… » Murmura-t-il.

Un courant d’air balaya le sol, éparpillant ses écrits. Il frissonna. Les traînées de lumière tranchaient l’air frémissant de sa présence, tombant sur les livres, les révélant dorés et parés de richesse. Il leva les yeux vers le ciel et partout les livres s’alignaient. Des millénaires de sagesse s’alignaient autour de lui et la connaissance semblait courir le long des rangées, barrées d’immenses et interminables échelles poussiéreuses. Tout n’était que silence, mais ce silence semblait peuplé de mille voix murmurantes. L’odeur de tout ce papier, usé par les années et les lectures passées flottait autour de lui. Il était là, ce papier qui suspendait pour l'éternité les récits et les héros.

« Alors c'est ici que se tint la gazette. » Songea-t-il.

Une larme de rage s'écrasa sur la pierre, s'étalant sur le marbre lisse. Il voyait la poussière. Pas partout. Mais par endroits. Elle s'était installée dans les recoins, dans les endroits difficiles d'accès. Elle enveloppait doucement la belle dame d'ébène, l'assourdissant, l'endormant dans un cocon moite. Lentement, le vaisseau allait disparaître. Même la Sayyadina si elle y restait seule, n'y pouvait rien. Etait-ce la raison de cette invitation?

Il entendit quelques pas caresser la pierre, la frôlant à peine. Il tourna la tête, connaissant déjà l’identité de celle qui sortirait de l'escalier en colimaçon qui montait jusqu'en haut de la tour...


(à suivre Wink)
Revenir en haut Aller en bas
https://sionabel.1fr1.net
 
La Cathédrale de Sionabel
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Communauté de RPistes :: LA VILLE BASSE - ZONE PUBLIQUE :: La Taverne :: Présentations-
Sauter vers: