Une journée où plusieurs venaient de s'écouler. La guérisseuse n'avait pas quitté sa chambre mis à part pour se nourrir ou quand il y avait des réunions.
La dernière réunion la rendit un peu sceptique, les cyborgs prévoyaient d'attaquer une ville non loin. Cela faisait maintenant des jours qu'ils pesaient le pour et le contre, regardant les failles et inspectant les alentours. Tout était enfin réuni pour leur assaut.
Ils avaient choisi de l'attaquer à l'aurore, les troupes partirent la nuit venue, quelques heures de marche les séparaient de la ville. La Guérisseuse était avec eux, au début un peu réticente le chef ne lui laissa pas le choix
- Tu viens, nous aurons besoin de toi.
Ceci n'était pas négociable alors ils se mirent en route. Sous leurs poids la terre tremblait, ils n'étaient pas vraiment discrets avec leurs armures et leurs armes mais cela n'enlevait en rien à leur force.
Tout le long du chemin, la Guérisseuse se posait des questions, elle était dans ses songes, pensant à la ville aux personnes qu’ils allaient croiser, tuer. Se rongeant les sangs elle ne prêtait plus vraiment attention aux cyborgs.
*Seront-ils dans la ville eux aussi?*
Cette question qui tournait en boucle dans sa tête comme les aiguilles d'une horloge tournent inlassablement depuis la nuit des temps. Plus ils se rapprochaient de cette ville, plus son inquiétude grandissait, mais elle ne devait le montrer, elle ne pouvait laisser entrevoir ses failles.
Ils stoppèrent tous au même moment, tel un seul homme, le chef se mit devant ses cyborgs et montra la ville du doigt, commençant à leur parler, la Guérisseuse comprit instantanément
* Ils ne sont pas là, sinon ils auraient déjà frappé, j'aurais dû les avertir, cela va être une boucherie*
Une larme perla sur sa joue mais elle la balaya avec un revers de main avant que cela ne se voit. Tremblante elle fit mine que c'était car la température avait chuté.
Le chef la regarda un peu perplexe mais prit la décision d'attaquer sans même chercher plus loin. L'adrénaline le poussait à aller de l'avant sans faire attention à ce détail.
Au seuil de la porte de la ville, on entendit un énorme bruit puis un mur tomba et les cyborgs s'engouffrèrent dans la brèche. Les remparts de la ville tombèrent comme des châteaux de cartes et ceux qui se trouvaient à l'intérieur ne pouvaient plus fuir.
Encerclés, ils combattaient en vain mais combattaient quand même. Donnant tout ce qu'ils avaient pour sauver leur terre mais aussi leur famille. Les cyborgs eux, riaient, satisfaits de cette opportunité et de leurs massacres. Ces hommes qui tombèrent rejoindront leur camp pour grossir leurs rangs.
La Guérisseuse ne mit pas un pied dans la ville, cette terre devenue rouge à cause du sang qui fut versé. Elle resta en amont, se tenant les mains, les serrant. Si elle avait pu, elle aurait pleuré toute les larmes de son corps avant de crier pour que ce massacre s'arrête.
Mais à la place, elle reste presque impassible, ses cheveux volant avec le vent, balayant son visage et ses yeux qui contemplaient la fumée qui s’élevait dans le ciel. Ce matin-là, quand le soleil pointa son nez, l'horizon était rouge sang.
Signe qu'un bain de sang a eu lieu peu de temps avant, la Guérisseuse en observant cela baissa ses yeux vers le sol et à ce moment elle comprit que tout ceci était de sa faute. Elle se mordit la lèvre de colère et de tristesse. Le sang n'avait pas assez coulé puisque le sien rejoignit lui aussi ce sol devenu visqueux. Un filet glissait le long de sa lèvre, elle ne daigna pas l'enlever, ses yeux changèrent eux aussi, vide, sans expression, le mal était fait.
Pas que dans cette ville mais également dans ses pensées, dans ce qu'elle est.