Tu as peur des ombres et tu fuis la lumière...
Le froid gèle tes membres, tes mains fermées sur elles même deviennent vite violettes. Ton souffle glacé, essaye en vain de les réchauffer. Depuis combien de temps es-tu ici? Tu ne peux répondre à cette question, ne connaissant pas la réponse. Voulant te relever, tu tentes de te retenir à un mur mais, dans l'obscurité la plus totale, tu ne sais pas où tu te trouves et ta main ne touche rien, te forçant ainsi à chuter. Au bout, de quelques essais, tu te recroquevilles sur toi même, bien trop épuisée, frigorifiée pour faire le moindre effort. Tremblante, tu imagines déjà que c'est la fin, sans même avoir pu comprendre le sens de cette phrase, de ta vie. Fermant peu à peu les yeux, tu te laisses bercer par tes tremblements, pour t'endormir...
En sursaut, tu sautes de ton lit. Le souffle court, une perle de sueur coulant le long de ta tempe, tes mains glissent lentement sur tes joues, frottant tes yeux afin de te faire reprendre tes esprits. Tu te laisses tomber de tout ton poids sur le lit, atterrissant les bras écarté dessus. Tu observes le plafond, soufflant sourire aux lèvres. "Un rêve" cette phrase tu te la répètes en boucle, essayant de te convaincre sans doute.
Tournant ta tête vers la droite, tes yeux fixent une marque sur ton poignet. La touchant du bout des doigts, tu frissonnes et la marque fond instantanément. Un moment de panique se lit dans tes yeux mais tu essayes de te contrôler. "Un rêve" toujours et encore.
Le reste de la nuit tu le passes assise sur ton lit, ne pouvant fermer les yeux de peur de ce que tu vas y découvrir et t'efforçant à croire que tout ceci n'est pas la réalité. Les premiers rayons du soleil pénètrent dans ta chambre, très vite tu te lèves afin d'aller à la fenêtre. Passant devant la glace tu t'arrêtes et t'observes quelques instants, la peau pâle, les yeux et les cheveux d'un noir ébène, remettant une mèche rebelle en arrière, d'un geste tu empoignes le rideau qui est accroché au miroir et le tires. Ton image disparait en même temps que le tissus couvre ton reflet, puis tu tournes les talons et ouvre la fenêtre. La lumière du soleil commence à venir sur ta peau et bientôt vers tes yeux, tu fais une grimace et te hâte pour fermer les volets, une fois ceci fait tu colles ton dos contre le mur. Dans le noir encore et toujours.
Dehors tu entends les gens marcher, faire leur course ou même discuter mais, toi, tu es là dans ta chambre, incapable de sortir de peur d'eux, de leur réaction ou même de la lumière. Mais pourtant, tu pleures car tu ne supportes plus les ténèbres.
- De toute façon, sortir servirait à quoi, puisque qu'ils ne t'accepteront pas? Secouant la tête, tu chasses ses idées de tes pensées.
De toute façon même si tu ne peux pas, tu y es contrainte, puisque te voilà prise de panique. Même dans l'obscurité tu vois des ombres. Celles-ci bougent et te contournent, par moment elles entrent en toi te dévorant presque au vue de tes gestes et de ta posture. Criant de toute tes forces, te débattant, rien y fait tu es sans cesse harceler et pourtant inlassablement tu te murmures "Un rêve"...
Cette fois-ci un ricanement se fit entendre à l'autre bout de la pièce, tes yeux se relèvent pour essayer d'apercevoir de qui peut provenir ce son, mais, rien impossible pour toi de voir. Cependant, tu en es sûre, il y a bien une présence. Le cœur battant la chamade, avalant difficilement ta salive tu te redresses pour mieux voir.
- Ce n'est pas un rêve.
Cette voix te glace instantanément le sang, te faisant faire un bond en arrière par la même occasion. Empoignant ton oreiller et le collant contre ton buste, tu retiens tes larmes. Tes dents claquent tellement fort que tu t'ouvres la lèvre te faisant ainsi saigner. Mais la terreur ne te fait pas bouger ou même arrêter, tu es comme envouter par cette voix et à la fois elle te pétrifie.
Secouant la tête pour chasser ses visions, tu enfonce ton menton dans l'oreiller. Tel un petit chiot apeuré tu renifles tout en ayant la le souffle court. Tes yeux deviennent de plus en plus lourd mais, tu refuses qu'ils se ferment, essayant tant bien que mal à ne pas t'assoupir tu cherches un moyen qui pourra te tenir éveillé.
- Laisse toi aller.
Cette voix qui au début te faisait trembler commence peut à peu à devenir familière et les mots qu'elle prononce te plongent dans le sommeil. Tes dernières forces te quittent et lentement tu te couches pour finir par t'endormir complètement.
- Enfin. Te voici chez toi.