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 [Nymphe Ydeil] La Voix des Mages - INACHEVÉE

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Nymphe Ydeil
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MessageSujet: [Nymphe Ydeil] La Voix des Mages - INACHEVÉE   [Nymphe Ydeil] La Voix des Mages - INACHEVÉE Icon_minitimeMer 1 Juin 2011 - 20:27

LA VOIX DES MAGES



Saison I :

- Épisode I
- Épisode II
- Épisode III
- Épisode IV
- Épisode V
- Épisode VI
- Épisode VII
- Épisode VIII


Dernière édition par Nymphe Ydeil le Mer 16 Avr 2014 - 19:14, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Nymphe Ydeil] La Voix des Mages - INACHEVÉE   [Nymphe Ydeil] La Voix des Mages - INACHEVÉE Icon_minitimeMer 1 Juin 2011 - 20:34

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Les Plumes de Sionabel présentent

[Nymphe Ydeil] La Voix des Mages - INACHEVÉE Rrqn8

[Nymphe Ydeil] La Voix des Mages - INACHEVÉE Bannympheii...<3...

> > > LA VOIX DES MAGES < < <

> Épisode I <


Rentre !

L'idée s'imposa à lui comme un ordre, avec un impératif tel qu'il se mit à courir sur le chemin du retour. D'où lui venait cette pensée, pourquoi lui obéissait-il ? Il ne le savait pas, ne chercha pas à le savoir. Il n'identifia pas davantage la voix qui s'effaçait déjà de sa mémoire : elle ressemblait trop à celle de sa mère. Il réagit instinctivement, parce que c'était dans sa nature d'agir ainsi, et, comme toujours, les événements lui donnèrent raison. Devant la maison, il y avait un véhicule officiel et la mère devait être seule, avec eux…
Dean fit irruption dans le salon sans se préoccuper d'interrompre leurs conversations. Ils étaient deux : un homme d'une trentaine d'années, engoncé dans un costume gris impeccable et une femme autoritaire, à qui Dean aurait facilement donné cinquante ans. Auprès d'elle, l'homme donnait l'air d'être un petit garçon. La mère n'en menait pas plus large ; elle en oubliait ses devoirs d'hôtesse et la théière sifflait désespérément dans la cuisine. Il y avait tant de soulagement dans le regard maternel que la réaction du fils fut dure à l'égard des deux intrus.

- Que faites-vous ici ?

L'homme se leva et lui tendit la main en un geste cordial que Dean ignora superbement.

- Nous représentons l'OMAGE, commença l'homme en laissant retomber sa main.
- Je sais… répondit Dean, et alors ?
- Je m'appelle Laurenn McCarter et voici l'émissaire Suzan Lloyd. Nous avons eu une petite conversation avec ta mère…
- Conversation qui me concerne j'imagine ?

L'homme hocha la tête.

- C'est exact… Nous avons examiné ton dossier dernièrement.

La mâchoire de Dean se contracta sous l'effet de la colère. Il savait ce que cela signifiait. L'OMAGE, sigle de l'Organisation Mondiale des Armées Gouvernementales de l'Espace, était en charge d'un programme de colonisation spatiale qui s'appuyait, pour son plus grand avantage, sur la loi mondiale de l'enfant unique. Depuis la fondation du programme, les enfants de "seconde zone" qui avaient eu la malchance de naître deuxième n'avaient d'avenir qu'au sein de l'OMAGE. On leur refusait tout droit à l'emploi, tout statut social. Ils devenaient des parias… à moins de travailler pour l'OMAGE.
Dean était assez bien placé pour le savoir. Benjamin d'une famille de trois enfants, il était né quelques minutes seulement après Kim, son frère jumeau. C'était néanmoins suffisant pour qu'il soit classé dans la "seconde zone", ce malgré tous les formulaires de demande administratifs que leurs parents avaient pu remplir. Alors qu'ils avaient cinq ans, un grave accident de la route avait plongé Dean dans le coma. Son frère, fut-il Premier, était mort sur le coup.
Alors les parents, trop pauvres et trop seuls pour vivre sans enfant, avaient conçu Jade, sans savoir que le destin choisirait ce moment pour sortir Dean du coma. Sa petite sœur fut donc destinée dès son plus jeune âge au service de l'OMAGE, tandis que Dean prenait la place de Kim au sein de la famille. Le père devait mourir quelques années plus tard, rongé par le chagrin et l'amertume de leur situation.

Suzan Lloyd n'avait pas perdu une miette de la pensée de Dean. Tandis qu'elle laissait Laurenn argumenter, elle avait scrupuleusement détaillé le physique noble et doux du jeune homme de dix-neuf ans. Il y avait en lui une détermination forcée par la place qu'il occupait. Son jeune âge, que trahissaient les traits de son visage, n'empêchait pas son regard mûr et presque insolent. Éduquée dans l'art des négociations, Suzan sut que Laurenn ne pourrait convaincre le jeune garçon. Elle calqua son maintien sur celui de la mère et prit la parole d'une voix qu'elle voulut douce et charmante.

- Je suis sûre que Jade te manque… Tu dois comprendre que si tu acceptes de nous suivre aujourd'hui, tu la reverras dès ce soir. De plus, travailler à nos côtés te rapportera de l'argent, que tu pourras envoyer à ta mère. Vous n'êtes pas riches…

Elle cherche à te manipuler !

Dean entendit distinctement chacun des mots. Toujours cette voix qui ressemblait tant à celle de sa mère. Un coup d'œil en direction de celle-ci lui apprit pourtant qu'elle n'avait rien dit. S'il fut surpris, il ne le montra pas ; il avait d'autres idées en tête. Il savait parfaitement que cette femme ferait tout pour l'avoir. Depuis des années, ils vivaient sous la menace d'une révision de dossier. À tout moment, l'OMAGE pouvait revenir sur sa décision de lui accorder de vivre avec sa mère et ils l'avaient fait. Sa colère n'en fut que plus grande.

- Vous foutez pas de ma gueule… Ma sœur, je ne l'ai pas vue depuis dix ans et elle n'a jamais ramené un sou ici ! Vous voulez que je laisse ma mère seule dans ce taudis pour servir vos intérêts politiques ? Il est où le gouvernement quand ma mère a besoin de lui ? Où était le gouvernement quand ma sœur est née ? Quand mon père et mon frère sont morts ?? Toute ma vie, quand je n'étais qu'un moins que rien sans travail, sans éducation, sans nom, sans culture !

Glaciale, Suzan n'avait pas détourné son regard de celui, ardent, de Dean. Elle ne répondit pas… parce qu'il n'y avait rien à répondre.

- Votre condescendance à la con, vous pouvez la garder pour les autres... Acheva le jeune homme d’un ton mordant. Sortez d’ici.

Il était à bout de nerfs, lassé d'années sombres qui l'auraient rendu mauvais s'ils avaient fait mine d'ignorer l'impératif de sa voix. Les deux émissaires se levèrent d'un même geste.

- Un jour, tu changeras d'avis, siffla Suzan.
- Essayez de le faire changer d'avis, Madame Johnson, ajouta Laurenn d'un ton plus posé.

Par-dessus la table, il lui tendit sa carte de visite.

- Laissez-moi mon fils, c'est le seul qui me reste… Répondit la mère.

Elle ne pleurait pas, mais il y avait tant de supplications dans sa voix que McCarter détourna les yeux avec gêne. Dean saisit la carte, la froissa et la fourra au fond de sa poche. Les deux visiteurs regagnèrent la porte en silence, sans que les Johnson ne les y accompagnent. Debout au milieu de leur salon, ils écoutèrent le ronronnement du moteur qui s'éloignait, emportant avec lui la menace de les séparer. À ce moment où Dean observait l'épuisement dans la ligne frêle des épaules de sa mère, il ignorait encore que son destin venait de basculer.

À suivre...
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MessageSujet: Re: [Nymphe Ydeil] La Voix des Mages - INACHEVÉE   [Nymphe Ydeil] La Voix des Mages - INACHEVÉE Icon_minitimeMer 1 Juin 2011 - 20:36

> > > LA VOIX DES MAGES < < <

> Épisode II <


Assis à la table de la cuisine, Dean écoutait le ronflement du climatiseur d'appoint qui bourdonnait dans son dos. Il luttait faiblement pour détacher ses pensées de ce bruit monotone et se concentrer sur le discours de sa mère. Elle tentait de le rassurer sur leur avenir, mais comme chaque fois qu'elle le faisait, c'était plutôt elle qu'elle cherchait à convaincre. Le débit saccadé de ses phrases trahissait sa propre angoisse.

- On se débrouillera va… Ne t'en fais pas. Je peux trouver un travail moi… On ne manquera plus de rien…

Elle venait d'ouvrir le four pour la cinquième fois pour vérifier la cuisson d'un gratin qui était prêt depuis longtemps. Dean se leva, mi-amusé, mi-lassé par le babillage maternel.

- Assieds-toi, Maman, ordonna-t-il en l'embrassant sur le front.

Elle obéit, soumise par le calme autoritaire de son fils, mais ne put taire ses inquiétudes.

- Ce n’est pas innocent s’ils sont venus aujourd’hui, tu sais ? Demanda-t-elle.

Dean s'arma d'un gant et sortit le gratin du four sans prendre la peine de répondre. Elle n’attendait pas vraiment qu’il participe à son monologue.

- Peut-être ont-ils vu quelque chose dans ton dossier, fit-elle valoir. Quelque chose qui nous aurait échappé à ton père et moi. C’est possible...

Ça l’était effectivement. Dean connaissait le règlement presque aussi bien que sa mère. Il avait appris à s’en servir quand il le fallait, pour obtenir des aides financières quand ils n’avaient plus de quoi payer le loyer, mais aussi pour éviter de s’enrôler à l’OMAGE. Jusqu’ici, ils avaient réussi à contourner les lois, trouvant toujours les failles qui permettaient à Dean de rester avec sa mère, mais le filet se resserrait d’année en année, projet de loi après projet de loi. Après la mort de son père, il avait dû apprendre et comprendre les textes des règlements.
Des heures de réflexion s’en suivaient avec sa mère. Il aurait pu, cette fois encore, raisonner avec elle, lui rappeler tous les points du dossier que l’OMAGE ne pourrait jamais franchir. Finalement, il réussit beaucoup plus efficacement à faire cesser son babillage inquiet grâce à son silence que s’il n’avait discuté avec elle.

- Tu ne manges pas ? Remarqua-t-elle, en constatant qu’il ne s’était pas servi.
- Non, je sors ce soir. Je mangerai avec les copains.

Ils savaient tous deux que Dean ne mangeait pas lorsqu'il sortait. Il n'avait pas les moyens de se permettre un repas à l'extérieur. Le mensonge était inutile, mais, sans pouvoir se l’expliquer, il sentait le besoin de se justifier. Le gratin qu'il ne mangerait pas ce soir-là, il le mangerait le lendemain : c'était toujours un repas gagné. La mère se refusa à commenter ce qui représentait un sacrifice supplémentaire de la part de son fils et Dean enfila hâtivement sa veste, peu enclin à la voir
poursuivre la discussion.


Sur le pas de la porte, il alluma une cigarette qu’il fuma sans y penser. Il y avait longtemps que la nicotine ne calmait plus ses inquiétudes, mais le geste, mécanique, le réconfortait. Un puissant sentiment de malaise l’envahissait. Il ne savait trop si c’était la visite des deux émissaires ou l’échéance prochaine du loyer à payer qui le rendait nerveux. Le stress de sa mère n’arrangeait rien à son humeur qui se faisait de plus en plus morose. En grandissant, il avait forcé les gens autour de lui à accepter un « seconde zone » parmi eux. Il faisait sa vie en les ignorant et ils s’étaient arrangé pour faire de même. Pourtant, il n’ignorait rien de leur mépris froid.

- Connards… marmonna-t-il en crachant sa cigarette dans le filet d’eau nauséabond du caniveau.

Et il ne sut pas très bien si sa haine était dirigée contre eux, ou contre lui. Les mains au fond des poches, il descendit vers la lumière des quartiers commerciaux. La ville était construite dans une cuvette. Les quartiers pauvres occupaient les hauteurs et les tours de bureaux croissaient au centre-ville. Dean avait grandi dans cette ville. Il la connaissait par cœur et la détestait d’autant plus fort. Après des années de privation et de frustration, il avait pris le parti d’ignorer lesaffriolants
néons des cafés, les enseignes clignotantes des magasins ouverts 24 heures sur 24. Tout ça, c’était pour les riches, pas pour lui, pas pour les « seconde zone ».

Comme chaque soir, il alla s’asseoir sur un banc, dans le square qui longeait l’hôtel de ville. L’air frais de la nuit lui fit du bien. Il tira une nouvelle cigarette du paquet et la tapota sur le dessus de sa main sans l’allumer. De l’autre côté du parc, une lueur jaillit dans l’ombre, puis s’éteignit. C’était le signal. Ils étaient là. Dean se leva et traversa le square, un sourire de jeune loup aux lèvres. Pour la première fois de la journée, il oubliait ses préoccupations pour vivre sa jeunesse. Une demi-douzaine de jeunes l’attendait. Ils avaient tous plus ou moins son âge. Il y eut un échange d’accolades et de poignées de mains chaleureuses.

- Salut mec, ça gaze ?
- Ouaip… T’en veux ?

Dean accepta d’un signe de tête la canette de bière que l’un des adolescents lui proposait. Il appréciait la chaleur de ce groupe. Ici, la naissance importait peu, la notion d’appartenance n’existait pas. Tout était à tout le monde, le problème d’un seul devenait le problème de tous. Ils se moquaient pas mal de savoir que Dean était deuxième. Comme eux, il avait des problèmes, c’était tout ce qu’ils avaient besoin de savoir. Il avait sa place parmi eux et se sentait bien.

- Tu la fumes ?
- Non…

Il offrit sa cigarette à la seule fille du groupe. Elle avait dix-huit ans mais en faisait plus. Un jour, Dean avait été amoureux d’elle, comme tous les autres, mais à présent, ils avaient appris à la respecter. Il leur arrivait même d’oublier qu’elle était une fille. Elle s’appelait Janny, mais ils l’appelaient Jay. Ses cheveux courts, son air féroce et ses poings toujours prêts à frapper achevaient de faire disparaître sa féminité.

- On fait quoi ce soir ? S’informa Dean.
- Demande ça à la Fouine, répondit Jay d’un ton détaché.

La tête penchée en arrière, elle s’entraînait à faire des ronds avec la fumée de sa cigarette. Les autres sourirent.

- On glande… proposa l’adolescent à lunettes qui répondait au surnom plus affectueux que réellement méchant.

Il occupait la place centrale sur le banc et bricolait d’un air préoccupé un appareil informatique du dernier cri.

- Charmant… Rétorqua un autre avec un rire de dérision.
- T’as qu’à proposer, toi, au lieu de déconner ! Fut la réponse invective.

Ils savaient tous qu’il y avait de très maigres chances qu’ils finissent par s’entendre sur une destination. La soirée s’achèverait probablement sur ce même banc, à fumer et à envisager mille choses à faire qu’ils ne feraient jamais. La Fouine trafiquerait encore et encore son engin, Jay fumerait cigarette sur cigarette et Dean tomberait progressivement dans un silence passif, savourant seulement le plaisir de ne pas être seul. Peut-être finiraient-ils par aller boire une bière sur la terrasse du bar d’en face, mais ils n’allaient jamais plus loin. Pourquoi fallait-il que ce soir-là fut différent des autres soirs ?

À suivre...
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MessageSujet: Re: [Nymphe Ydeil] La Voix des Mages - INACHEVÉE   [Nymphe Ydeil] La Voix des Mages - INACHEVÉE Icon_minitimeMer 1 Juin 2011 - 20:37

> > > LA VOIX DES MAGES < < <

> Épisode III <

Installés sur leur banc préféré, les adolescents devisaient, projetant mille et uns choses pour la soirée.

- On envisageait de pirater le réseau informatique de l’OMAGE… Révéla Jay en buvant une gorgée de bière de la canette de Dean.
- Rigole pas Jay, je suis extrêmement sérieux, gronda la Fouine.
- Le problème, c’est que tu es toujours extrêmement sérieux, rétorqua un garçon d’une vingtaine d’années.

On l’appelait El niño parce qu’il était resté petit de taille et que son véritable nom, Igorevitz, était trop long ou trop imprononçable pour la plupart de ceux qui le côtoyaient. Appuyée contre l’épaule de Dean, Jay sentit le jeune homme frissonner en dépit de la température clémente.

- Ça ne va pas ? Interrogea-t-elle.

Il lut dans sa voix une sollicitude qu’il connaissait déjà chez sa mère et se força à sourire pour la rassurer.

- D’ailleurs, j’y suis presque, nota la Fouine.
- Tu déconnes ? Supposa Dean.
- Non mais c’est un complot ou quoi ? Aboya le pirate. Je suis SÉRIEUX !

Étrangement, les autres se le tinrent pour dit. Ils se contentèrent de se pencher sur l’épaule de leur camarade pour observer son travail d’un oeil critique. La Fouine était doué, particulièrement doué. S’il avait exercé son talent au sein d’une entreprise quelconque, le gouvernement aurait eu tôt-fait de le remarquer et de chercher à l’embaucher. Au lieu de quoi il travaillait seul et, offense suprême, contre le gouvernement. Il se jouait avec une facilité désinvolte de leurs sécurités informatiques, pliant les banques de données à sa volonté et donnant migraines et insomnies aux responsables qui passaient des heures à créer des obstacles qu’il mettait moins de dix minutes à déloger ou à contourner.
Auprès des autres membres du gang, il n’était pas reconnu à sa juste valeur. Ses talents dans le domaine de l’informatique étaient souvent tournés à la dérision. Pourtant, il ne s’en plaignait pas vraiment. C’était devenu un jeu entre eux. Il savait qu’ils le respectaient pour bien d’autres choses et que leurs moqueries étaient davantage une marque de considération qu’un moyen de l’exclure du gang. La Fouine était jeune, mais il était bien plus intelligent que la moyenne. C’était cette intelligence qui lui conférait une place dominante au sein du gang, de sorte que lorsqu’il parlait, on écoutait, même si c’était pour railler par la suite. Pour rien au monde il n’aurait voulu échanger sa place contre un poste de prestige au gouvernement.

- Je l’ai ! Triompha-t-il.

Les autres jubilèrent dans son dos. Sur son écran, le dernier obstacle sécuritaire venait de sauter, lui donnant accès aux dossiers de l’OMAGE. Avec une rapidité et une assurance infaillibles, il navigua parmi les données. Pour les autres, ce n’était que des lignes de code, pour lui, c’était des fichiers complets, des bases de plusieurs Gigaoctets chacune. Il n’avait besoin que de les survoler. Depuis longtemps, toutes les données visualisées étaient automatiquement sauvegardées dans ses propres banques de données. Il les analyserait plus tard.
Pour dissuader les intrus qui auraient pu vouloir pirater ses dossiers, il avait créé un programme qui sectionnait tous ses fichiers et les hébergeait dans différentes banques, inscrites sous des noms différents, toutes savamment protégées. Jusqu’ici, personne n’avait réussi à passer outre ses obstacles.

- Depuis quand tu t’intéresses à l’OMAGE, toi ? Interrogea Dean.
- Depuis qu’ils ont renforcé leur système de défense... Nouveau système, nouveau défi, fit valoir la Fouine.

Il ne comprit pas immédiatement le sous-entendu dans la question de son ami. Les autres, cependant, s’étaient tournés vers Dean et l’observaient, attendant qu’il précise le fond de sa pensée. Ce fut le silence qui alerta le jeune pirate. Constatant qu’il n’était plus le centre d’intérêt, il pivota sur lui-même pour jeter un coup d’œil en direction de Dean. Alors seulement, il réalisa.

- Tu devrais faire partie de l’OMAGE, toi...

Dean se contenta de hocher la tête. Jamais il n’aurait imaginé qu’après un après-midi passé en compagnie de deux émissaires de l’OMAGE, il aurait encore entendu parler d’eux dans un endroit aussi incongru qu’au sein de son gang. Il n’avait pu s’empêcher de frissonner devant la coïncidence. Bien qu’il ne soit nullement superstitieux, il trouvait que le hasard avait de drôles de manières de le mettre en garde.

- Tu veux que je trouve ton dossier ? Interrogea la Fouine.
- Oui... Répondit Dean, sans hésiter.

En quelques instants, le pirate s’exécuta, faisant défiler les noms que contenait le dossier à une vitesse vertigineuse. Les principales barrières étaient tombées, le reste n’était qu’une formalité. Il ouvrit le dossier de Dean avec un sourire de vainqueur.

- Voilà !

Dean se pencha sur les lignes de code qui s’affichaient sous ses yeux.

- Tu aurais la même chose avec le décodeur ? Demanda-t-il sans ironie.
- Ah oui, désolé...

Tous lurent par-dessus l’épaule de la Fouine. Toutes les demandes faites par les parents de Dean étaient répertoriées selon leur date d’enregistrement. Toutes portaient la même mention : « Acceptée ». Une ligne intrigua pourtant le jeune homme. « Dossier affilié à l’affaire Third Phoenix. Élément sous surveillance. »

- C’est quoi ça ? Interrogea Dean en tapotant l’écran là où les mots s’affichaient en lettres rouges.

Sans un mot, la Fouine effectua une recherche dans la banque générale. Au bout de quelques minutes d’un silence étouffant, quatre noms s’affichèrent, tous quatre reliés à l’affaire Third Phoenix : Greg Marshall, Dean Johnson, Jade Johnson, Nova Cyrus. Pendant que Dean se demandait ce que le nom de sa sœur faisait à côté du sien, le pirate sélectionna le nom de son ami et ouvrit le dossier qui y était lié. Cette fois, trois noms étaient inscrits : Susan Lloyd (émissaire responsable), Laurenn McCarter (émissaire recruteur), Jason Dick (agent x). Dean fronça les sourcils.

- Tu les connais ? demanda Jay.
- Les deux premiers, oui. Ils sont venus parler à ma mère cet après-midi.
- Qu’est-ce qu’ils te voulaient ? Interrogea El niño.

La réponse claqua, sèche et acerbe.

- Que je m’engage...

À suivre...
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MessageSujet: Re: [Nymphe Ydeil] La Voix des Mages - INACHEVÉE   [Nymphe Ydeil] La Voix des Mages - INACHEVÉE Icon_minitimeMer 1 Juin 2011 - 20:39

> > > LA VOIX DES MAGES < < <

> Épisode IV <

La suite du fichier était plus éloquente que Dean ; ils reprirent silencieusement leur lecture. Les premières lignes du document retraçaient l’histoire de Dean depuis sa naissance. Une brève analyse psychologique suivait : « Élément instable, doué d’une intelligence vive. Sujet à l’arrogance et à la violence ». El Niño ricana.

- Après Dean sous surveillance, Dean la terreur... commenta-t-il, faisant rire les autres.
- Quand ils disent sous surveillance, ils ne rigolent pas, ajouta la Fouine en montrant de nombreux fichiers minutieusement datés. Ce sont toutes les conversations téléphoniques qui proviennent de chez toi.
- Il ne doit pas y en avoir beaucoup ces derniers jours, rétorqua Dean. Ils nous ont coupé la ligne.

Mais cette surveillance inquiétait le jeune homme plus qu’il n’acceptait de le montrer. Il savait qu’il trouverait beaucoup de choses dans son dossier, mais cela dépassait ses attentes. Il ne savait pas encore s’il devait s’en réjouir ou au contraire, s’en offusquer. Il comprenait de moins en moins, ce qui avait pour effet d’augmenter sa colère. Mille questions tournaient dans sa tête. Qu’est-ce qui pouvait justifier une telle surveillance ? Quelle loi leur donnait le droit d’épier ainsi sa vie ? Jay posa sa main sur son bras pour calmer les tensions qui grandissaient en lui. Il se rendit compte qu’il avait peur. S’ils étaient capables de ça, jusqu’où pouvaient-ils aller et qu’est-ce qui les empêchait de l’enrôler dans l’heure, avec ou sans son consentement ? Il lui avait toujours semblé contrôler la situation. À présent, il se rendait compte qu’avoir les lois pour lui ne suffirait pas...

- Dean, c’est quoi ça ? Demanda Jay.

Il prit enfin conscience du contact de sa main et la douceur de sa voix le ramena doucement au calme et à la raison. Sur l’écran de la Fouine, un nom de dossier succédait aux fichiers de surveillance téléphonique : « Filiation ».

- Je ne peux pas l’ouvrir, nota le pirate d’un air surpris.
- Tu es sûr ? Questionna Dean, aussi perplexe que les autres.
- En fait, si, c’est faisable... Mais il me faut du temps.
- Vas-y, tu as l’éternité, répliqua son ami, déjà impatient.

Ce qu’il ignorait encore, c’est que l’excellence de la Fouine trouvait pour la première fois un obstacle créé par un cerveau au moins aussi doué que le sien.

* * *


- Alors les Terminus… On glandouille ?

Ils étaient tellement occupés par l’écran et le combat informatique qui s’y menait, qu’ils sursautèrent tous. D’un coup sec, Dean écrasa sa canette dans son poing. Près de lui, Jay éteignit sa cigarette sous son talon gauche et La Fouine chassa de ses yeux une mèche crasseuse. Dans la lumière d’un réverbère, un autre gang venait de les rejoindre. Ils étaient six, Le gang de Dean, qui portait modestement le nom de Gang des Terminators, resserra ses rangs. Le visage dur, ils firent face. Hégémon était le chef des Généraux, une bande de jeunes démons qui avaient tout, sauf une réputation d’anges. Depuis plusieurs mois, ils menaient la vie dure à Dean et ses amis. Tout était prétexte à la raillerie et les coups bas se multipliaient. Ils avaient instauré entre eux une véritable guerre des nerfs dont l’objet était le square, territoire officieux des Terminators.
Hégémon, nouveau dans la région, n’avait pas tardé à dominer les autres gangs du quartier. Dean et les siens représentaient le dernier bastion de la résistance.

- C’est sympa de nous rendre visite, Gégé… T’as amené tes chiens de garde ? Harangua La Fouine en ramassant prudemment osn ordinateur.
- La ferme le rat d’égout. Au moins, on ne gonfle pas artificiellement nos rangs avec des demi-portions, nous… Répliqua Hégémon en gratifiant Janny d’un sourire suffisant.

Jay réagit au quart de tour ; elle fonça dans le tas. Dean et El Niño durent se mettre à deux pour l’empêcher de frapper le premier venu. Le geste ne fit qu’augmenter l’hilarité des Généraux.

- C’est tout ce que tu as dans le ventre ? Lâcha Dean d’un ton cassant. T’attaquer à une fille, tu n’as rien de mieux ?

Hégémon émit un rire malsain. D’un geste délibérément provocateur, il saisit la cigarette que la Fouine venait d’allumer et en tira une bouffée qu’il cracha au visage de Dean.

- Qu’est-ce qui t’arrive petit deuxième, tu as perdu ta maman ? Susurra-t-il. Tu es jaloux parce que je suis capable de faire beaucoup de choses, parce que je suis premier ? Pas comme toi, hein…

Il s’amusa de voir la colère grandir dans le regard de Dean. Il aimait tyranniser ses adversaires.

- Qu’est-ce qui se passe ? Poursuivit-il. Tu n’as aucun talent ? C’est pour ça que même à l’OMAGE, personne ne veut de toi ?

C’était trop pour Dean, trop pour une seule journée. L’arrogance de son adversaire le confrontait trop violemment à ses propres interrogations, à ses incertitudes quant au bien-fondé de ses choix. Sa rage explosa, incontrôlable d’avoir été trop longtemps contenue. Il ne réalisa pas qu’il lâchait Jay : il cogna, de toutes ses forces...

À suivre...
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MessageSujet: Re: [Nymphe Ydeil] La Voix des Mages - INACHEVÉE   [Nymphe Ydeil] La Voix des Mages - INACHEVÉE Icon_minitimeMer 1 Juin 2011 - 20:40

> > > LA VOIX DES MAGES < < <

> Épisode V <

Qui donc, devant l'amour, ose parler d'enfer ?

Sous l’assaut impitoyable de son adversaire, Hégémon s’écroula comme une masse. Il n’eut pas un geste pour se défendre, surpris par l’attaque. Dean, entraîné avec lui dans sa chute, continua à frapper. Réalisant un peu tard que leur chef n’avait plus l’offensive, les Généraux se jetèrent sur son adversaire. La Fouine cria et bondit à son tour, davantage pour protéger son ami que pour appuyer sa lutte. Il ne faisait pas le poids contre les alliés surentraînés d’Hégémon.
Au moment où un poing écrasait douloureusement sa tempe gauche, une déflagration résonna à travers tout le parc. Surpris autant par le choc que par le bruit, le jeune garçon tomba à la renverse, s’aplatissant comme une crêpe sur le bitume. Tous se retournèrent vers l’origine du bruit. El Niño, raidi par l’anxiété, se dressait derrière eux, une arme au poing. Son bras qui tremblait à peine visait ostensiblement les Généraux.

- Barrez-vous, cracha-t-il d’une voix sourde.

La panique acheva d’emporter la raison des hommes. La Fouine recula d’un bon mètre, raclant au passage le fond de son jean sur le sol, celui qui était occupé à étrangler Dean le lâcha instantanément et l’équipe d’Hégémon prit le parti de s’enfuir.

- Bordel, où t’as trouvé ça ? Lâcha Jay.

Les yeux écarquillés, El Niño se contenta de secouer la tête en silence, une sueur froide coulant à présent le long de son front.

- Il faut se barrer, raisonna Dean en aidant la Fouine à se relever.
- Et lui ? Demanda Jay en désignant Hégémon.
- Je crois qu’il est mort… Bafouilla El Nino qui s’était penché au-dessus du Général.
- Mort ?

Dean blêmit. Déjà, les sirènes de police se faisaient entendre à l’autre bout du parc.

- On se barre, lança El Niño.

Les autres ne crurent pas nécessaire de protester. Le groupe s’élança à travers le parc, fuyant les zones de lumière des réverbères. Le hurlement des sirènes qui se rapprochaient accélérait les battements du cœur de Dean, mais le pire, c’était la vision d’Hégémon, le visage ensanglanté, étendu sur le sol, sans mouvement, peut-être sans vie.
Comment devait-il réagir ? Il l’ignorait. Il n’avait pas voulu tuer son rival, il n’avait pas été conscient de ses gestes. Mais s’il était arrêté, que deviendrait la Mère ? Les circonstances seraient dramatiques et il le savait. On ne pardonne pas à un deuxième d’avoir tuer. Pourquoi le ferait-on, il est déjà inutile à la société. Brusquement, la peur envahit Dean et pire que la peur, la panique. Une main se referma brusquement sur son bras et le fit sursauter. Il trébucha contre un trottoir et faillit s’étaler contre le bitume. Mais la main le retint, le guida à travers la brume de son esprit, vers le monde réel.

- Ça va aller, viens.

Jay, encore et toujours Jay quand il allait mal. En silence, patiente et affectueuse, elle le guida vers une rampe qui descendait sous terre. La Fouine les accompagnait toujours. Les autres avaient disparu. Était-il donc tellement obnubilé par ses pensées qu’il n’ait pas pu remarquer ça ? Un quai, l’odeur âcre de la sueur, de l’urine et de l’humidité, des huiles. Puis le sifflement strident d’une rame de métro. Il monta machinalement, toujours guidé par Jay. Le wagon les emporta dans la nuit dans un fracas épouvantable. Un bruit de plus dans sa tête qui ne pouvait plus, ne savait plus accepter quoi que ce soit.
Une seule pensée traversait son esprit, pleine de culpabilité et d’horreur : Je suis un assassin.

À suivre...
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MessageSujet: Re: [Nymphe Ydeil] La Voix des Mages - INACHEVÉE   [Nymphe Ydeil] La Voix des Mages - INACHEVÉE Icon_minitimeMer 1 Juin 2011 - 20:42

> > > LA VOIX DES MAGES < < <

> Épisode VI <

Merci Yla.

Le front appuyé contre la vitre, Dean contemplait le défilement du paysage derrière le verre sale et rayé. Les arrêts réguliers du métro n’avaient pas suffi à le tirer de sa léthargie, pas plus qu’ils n’avaient brisé le cercle vicieux de ses pensées. Jay somnolait contre son épaule. La chevelure défaite, le visage pâli par les évènements de la nuit, elle fixait le vide devant elle. L’épuisement la rendait silencieuse et presque fragile. Dean la trouva belle.
Étrangement, la présence de la jeune femme, blottie contre lui, lui réchauffa le cœur mieux que ne l’aurait fait aucune pensée. Il eut envie de la prendre dans ses bras, mais ne le fit pas. Il avait trop de respect envers Jay pour briser leur amitié de toujours. Et puis il n’avait aucune chance avec elle. Elle était trop indépendante, trop brave pour qu’un seul homme ne puisse prétendre avoir une place dans sa vie et dans son cœur.
Assis en face d’eux, La Fouine semblait éviter de rencontrer le regard de ses deux amis. Il avait reposé son ordinateur sur ses genoux et tentait toujours de pirater le réseau de l’OMAGE. Même si Dean lui était reconnaissant de chercher à percer le mystère de son existence, il n’était plus très sûr de vouloir connaître le contenu des dossiers qui le concernaient. Il n’était plus très sûr non plus de vouloir exister… Les tueurs n’ont pas le droit d’exister.
Comme si elle avait compris que la lutte reprenait de plus belle dans son cœur, Jay resserra l’étreinte de ses doigts autour de son bras. Elle leva vers lui son regard gris et interrogateur. Leurs visages étaient si proches qu’il sentait son souffle contre sa peau. Perturbé, il se retourna vers La Fouine.

- Tu trouves quelque chose ?
- Non, je n’ai pas le bon matériel. Cette vieille bécane est tout juste bonne pour la casse. Si je pouvais tester depuis la maison, ça irait plus vite.
- On n’est pas vraiment sur le chemin, nota placidement Jay.

Elle disait vrai. Ils avaient roulé une bonne partie de la nuit et le métro arrivait à son terminus, à l’autre bout de la ville. Aucune chance qu’on vienne les chercher aussi loin. Du moins pas avant un moment, pas avant que les drones de surveillance les identifient et indiquent leur position. Dean n’avait pas pensé à cela. Si ses amis l’accompagnaient, ils se feraient arrêter avec lui dès qu’il serait repéré.
Dans un crissement de freins, le métro s’arrêta le long d’un quai qui commençait à se remplir. C’était le terminus. Les trois jeunes gens s’empressèrent de quitter le wagon et remontèrent vers la surface en tachant de fuir l’angle des caméras de surveillance.

- On doit se séparer, déclara Dean. C’est préférable, au cas où on nous chercherait.

La Fouine hocha la tête en silence, mais Jay demeurait pendue au bras de Dean.

- Je reste avec toi… Décida-t-elle, d’un ton buté qui ne soufflait pas la réplique.
- Je vais essayer de rentrer et de pirater ce foutu système. Si on arrive à savoir ce qu’il y a derrière, on pourra peut-être… essayer quelque chose, risqua La Fouine.

Dean sourit, comme s’il y avait eu quelque chose de drôle dans cette phrase. En réalité, seule l’ironie de la situation l’amusait : ils savaient tous les trois ce qu’il risquait si quelqu’un l’accusait du meurtre d’Hégémon : la mort, purement et simplement. Il n’y avait aucun dossier sur aucun réseau d’aucun serveur qui soit capable de lui sauver la vie.
Les deux jeunes gens échangèrent une accolade rendue maladroite par les non-dits et les sentiments confus qu’ils dissimulaient. Ils pouvaient très bien ne jamais se revoir. Il était difficile de l’ignorer à ce stade de l’aventure. La Fouine s’enfonça dans les ruelles sans s’étendre davantage, puis Jay et Dean prirent la direction opposée. Pressés de trouver un endroit où finir la nuit, ils pénétrèrent dans la première boîte de nuit qu’ils croisèrent.
Le système de son surdéveloppé leur enveloppa instantanément les oreilles d’une pulsation basse et rythmée, doublée d’une symphonie acoustique en devenir. Puis les martèlements sourds cessèrent et la mélodie s’éleva seule, envahissant la nuit de la salle, se répercutant sur les murs et pénétrant jusqu’à l’âme. La foule transportée hurla son enthousiasme, puis la basse refit son apparition, lente et graduelle. Et Jay entraîna Dean sur la piste.
Durant deux heures, ils dansèrent, la musique coulant sur eux comme une eau rafraîchissante. Leurs corps qui se frôlaient sans gène répondaient désormais à un rythme qui n’était ni celui de la peur, ni celui du temps. Ce n’était le rythme d’aucune mesure naturelle, juste celui de la trance qui dictait à leur cœur la cadence de ses battements. Ils furent les derniers à quitter la boîte, les oreilles encore étourdies par les décibels du système de son.
Main dans la main, ils s’observèrent sans comprendre. Doucement, Jay se dressa sur la pointe des pieds et glissa ses lèvres contre celles de Dean. Elles étaient chaudes et sucrées. Toutes les frontières qu’il y avait eu entre eux s’effondrèrent, volèrent en éclats. Ils s’aimaient, comme on peut seulement aimer un être qui est un écho de soi-même au moment du chagrin le plus intense. Ils s’aimèrent dans l’aube qui naissait, sous les néons de la boîte de nuit qui s’éteignaient et comme pour ne plus être seuls face à la violence des évènements.
Puis, Jay s’écarta, serra une dernière fois la main de Dean et fit demi-tour. Il ne songea pas à la retenir. Il savait qu’ils devaient se séparer, qu’il devait la laisser partir pour qu’elle soit épargner. Alors il prit le chemin inverse et regagna le métro. Il devait reprendre la course, s’éloigner. Mais sur le quai, l’hésitation le gagna, balayant l’euphorie du baiser. Quelle direction prendre ? La main qui avait tenu celle de Jay, qui avait enlacé sa taille plongea dans la poche de son jean. Là, au fond, une boule de papier chiffonnée irrita sa peau. Il la retira pour y lire un nom, un seul : « Laurenn McCarter ».
Alors il monta dans le métro de la ligne B, celui qui menait aux quartiers généraux de l’OMAGE. Dean venait de choisir son avenir.

À suivre…
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MessageSujet: Re: [Nymphe Ydeil] La Voix des Mages - INACHEVÉE   [Nymphe Ydeil] La Voix des Mages - INACHEVÉE Icon_minitimeMer 1 Juin 2011 - 20:42

> > > LA VOIX DES MAGES < < <

> Épisode VII <

À un Ami, un vrai, qui ne lira pas, mais qui veille. Et aux Baffreux, ce 302e rp o/

La rame de métro s’arrêta le long du quai dans un crissement de roues. Dean se glissa dans le groupe qui en descendait et suivit ceux qui remontaient vers la surface. Une centaine de tours de verre miroitaient dans le soleil. La plus grande de toute était celle qui abritait le quartier général de l’OMAGE. Cela correspondait à l’adresse inscrite sur la carte de visite. Le jeune homme hésita quelques minutes, puis se dirigea vers l’immeuble.
Le hall était immense. Une fontaine en décorait le centre, entourée de plantes vertes. Un véritable cliché. Des comptoirs d’information apparaissaient contre les murs et des tunnels de verre montaient vers les étages supérieurs. Dean choisit l’un des comptoirs et s’y présenta. Sans un mot, il glissa devant la secrétaire la carte de visite froissée qui portait le nom de Laurenn Mc Carter.

- Oh… Fit seulement la femme.

Puis, en repoussant ses lunettes sur les ailes de son nez, elle observa Dean.

- Vous êtes Dean Johnson, pas vrai ? Interrogea-t-elle après une brève évaluation visuelle.

Le jeune homme se borna à hocher la tête. Et la secrétaire, brusquement confuse, lui fit signe d’attendre. Elle composa un numéro de téléphone. À l’autre bout, on décrocha immédiatement.

- Monsieur, il est venu. … Oui… Non, je ne crois pas… Très bien…

Puis elle raccrocha.

- Il vous attend, huitième étage, bureau D51-14.

Toujours aussi muet, Dean fit demi-tour et monta dans l’ascenseur le plus proche. Des hommes d’affaires préoccupés, vêtus de costumes de riches, montèrent avec lui : tous des premiers fils, petits fils et arrières petits fils de premiers, songea Dean. Il fut le dernier à descendre du tube en verre. La vue sur les étages inférieurs lui avait donné la nausée : il n’avait pas l’habitude de monter huit étages en trois secondes, encore moins de l’altitude.
Laurenn l’attendait à la porte de son bureau. Dean craignait un peu que le cerbère de Suzan Lloyd soit là, mais Laurenn était seul, ce qui n’empêcha pas Dean de jeter un coup d’œil méfiant autour de lui. L’homme le laissa faire et se contenta d’aller s’asseoir derrière son bureau, dans un fauteuil de cuir un peu usé. L’homme semblait fatigué. Sa chemisette était froissée et Dean remarqua qu’il portait la même que lorsqu’il était venu voir la Mère, comme s’il n’avait pas quitté le bureau depuis.

- Vous m’attendiez ? Interrogea Dean lorsqu’il eut retrouvé l’usage de la parole.
- Oui, depuis notre visite, je t’attendais.
- J’aurais pu ne pas venir.
- Alors disons que je suis un grand optimiste ?

Dean haussa les épaules avec désinvolture.

- On dirait que les choses se sont compliquées pour toi ces derniers temps non ? Demanda Laurenn en l’observant.
- Mouais, quelques problèmes…
- C’est pour ça que tu es ici ?
- Je veux que vous payez ma mère et que vous donniez la liberté à ma sœur, lâcha Dean avec une certaine agressivité.
- Ça sera fait, répondit Laurenn d’une voix lasse.

Étonné de ne rencontrer aucune résistance, Dean demeura un instant coi.

- Et… c’est tout ? demanda-t-il enfin. Vous allez le faire ?
- Tu croyais qu’on te mentait ?
- Que vous me manipuliez.
- C’est le but du jeu non ? répliqua Laurenn en s’avançant vers lui et appuyant ses coudes sur le bureau.

Dean ne répondit pas. Il était partagé entre le doute et la colère de ne pas avoir su lire dans le jeu de Laurenn. Dans le fond, l’homme lui était sympathique et il s’en voulait presque de ne pas se méfier davantage.

- Si tu n’as pas d’autres revendications, je vais te faire faire un petit tour du propriétaire et t’expliquer comment nous fonctionnons, fit Laurenn en se levant et en se dirigeant vers la porte.
- Et pour… dehors ? demanda Dean, laissant enfin paraître son inquiétude.

Laurenn hésita un instant, la main déjà sur la poignée de la porte.

- Tu n’as jamais été poursuivi Dean. Dès que nous avons appris ce qui s’était passé, nos agents ont fait classer ton dossier.
- Et mes amis ?
- Classés également.
- Donc je suis ici… pour rien ??
- Je croyais que tu y étais pour que ta sœur soit libre et que ta mère soit payée ? répliqua Laurenn avec un sourire moqueur.

Dean grimaça, à nouveau honteux de s’être laissé avoir si facilement. Mais au delà de la moquerie, il y avait une intention paternelle. Laurenn l’appréciait. Alors le jeune homme se contenta de la suivre. Ils traversèrent silencieusement plusieurs couloirs et gagnèrent les sous sols. Un véritable labyrinthe souterrain s’étendait sous le bâtiment.
Finalement, ils s’arrêtèrent devant un bureau dans lequel se trouvait une vielle femme. Immédiatement, elle salua Laurenn avec chaleur.

- Mamina, je te présente Dean Johnson.
- Ah ! Il est enfin venu ! s’exclama la femme en se plantant devant Dean.

Elle fit claquer deux baisers sonores sur les joues du jeune homme qui ne pensa pas un instant à réagir, et l’observa.

- Il est grand, beau, mais pas très musclé, jugea-t-elle. C’est une bonne recrue pour Suzan, tu auras du mal à le garder Laurenn.
- C’est pour ça que je viens te voir. Je comptais sur ton aide à vrai dire.

Mamina sourit et entraîna Dean dans le bureau, Laurenn sur les talons.

- Tu persistes à vouloir l’envoyer là-haut, je présume ? demanda-t-elle après avoir pianoté quelques instants sur son clavier tactile.
- Bien sûr !
- Très bien. Il ira. Mais Suzan te le fera payer tôt ou tard.
- Suzan n’a pas son mot à dire.
- Tu sais bien que si. Elle a la direction du projet Third Phoenix.
- Que j’aurais dû obtenir…
- Je sais. Mais tu lui volerais la vedette si tu le découvrais avant elle.

Tous deux se turent lorsqu’ils se rendirent compte que Dean les observait. Il les écoutait parler de lui comme s’il n’avait pas été là et se trouvait un peu abasourdi par l’afflux d’informations qu’il captait sans comprendre. La seule chose qui en ressortait pour lui, c’était la querelle qui semblait exister entre Laurenn et Suzan. Entendre parler du projet Third Phoenix lui rappela le dossier que la Fouine avait déniché. Il se demanda si Laurenn et Mamina parlaient bien de la même chose. Mais il ignorait qu’il était loin d’être au bout de ses surprises.

À suivre…
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MessageSujet: Re: [Nymphe Ydeil] La Voix des Mages - INACHEVÉE   [Nymphe Ydeil] La Voix des Mages - INACHEVÉE Icon_minitimeMer 1 Juin 2011 - 20:43

> > > LA VOIX DES MAGES < < <

> Épisode VIII <

Aux violets.

Lorsqu’ils quittèrent le bureau de Mamina, après ce que Dean prit pour une éternité et une foule de formulaires, Laurenn esquissa enfin une explication.

- Mamina est la répartitrice.
- Répartitrice de quoi ? lâcha Dean, un peu grinçant.
- Oh… et bien… hésita Laurenn, c’est elle qui choisit à quelle section de l’OMAGE seront expédié les nouvelles recrues.
- Ça, je crois que j’avais compris, mais ça ne me dit pas les options, ni où vous m’avez expédié, à part « là-haut ».

Laurenn soupira et s’arrêta au beau milieu d’un corridor. Un militaire bardé de gallons faillit le percuter et le contourna en marmonnant quelques insanités bien senties.

- L’OMAGE est à la tête d’un programme bien particulier Dean. OMAGE est l’acronyme de l’Organisation Mondiale des Armées Gouvernementales de l’Espace. Nous avons donc des gens qui sont envoyés directement dans l’espace.
- Pour faire quoi ?
- Plein de choses. De la conquête spatiale la plupart du temps, de la défense planétaire aussi ou même pour former l’armée spatiale.
- Et le dossier Third Phoenix, c’est quoi ?

Laurenn se raidit.

- Ça, c’est confidentiel, répondit-il sans sourire.
- Ok, lâcha Dean sur la défensive. Et là-haut, vous allez m’envoyer faire quoi au juste ?
- De la conquête simulée.
- Simulée ?
- Viens, je vais te montrer.

Et Laurenn l’entraîna un peu plus loin dans les profondeurs des sous-terrains. Après avoir franchi de nombreux points de contrôle de plus en plus complexes, ils débouchèrent enfin dans un laboratoire géant, empli du sol au plafond d’ordinateurs et de moniteurs, chaque bloc étant relié à un siège incliné, la plupart étant occupés. Des électrodes surveillaient l’activité cardiaque et cérébrale de leurs occupants.

- Ces hommes sont en phase de simulation, expliqua Laurenn. L’ordinateur utilise un programme que l’on a appelé Rhéa et leur fait visualiser une ou plusieurs situations qu’ils doivent résoudre. Ces situations sont créées par le programme en fonction des données que nous avons récoltées sur une colonie potentielle.
- Ça sert à quoi ?
- Les sondes à la surface de la planète nous fournissent des informations en temps décalé. Elles nous proviennent du passé. Simuler une colonisation sur un an nous permet donc de vérifier si le développement sur ces planètes est viable ou non sans avoir à se déplacer. Si nous décidons que la colonisation est possible, un bataillon de l’armée est envoyé.
- Vous avez combien de planètes en test en ce moment ?
- Trois.
- Et combien ont été approuvées depuis le début ?
- Aucune.

Dean eut un mouvement de surprise, puis se ressaisit.

- Parfait, j’adore faire des trucs qui servent à rien, répliqua-t-il avec un sourire sans expression. Et puis je n’ai plus que ça à faire de mes soixante prochaines années. Je me mets où, doc ?
- Ce n’est pas un jeu, Dean, gronda Laurenn.
- Non, vous avez raison, ce n’est pas un jeu d’être né condamné à vivre comme un moins que rien par une loi débile, de vivre en sachant qu’on peut perdre sa famille d’un claquement de doigt et de savoir qu’on a tué quelqu’un, que le seul refuge pour éviter la mort, c’est une simulation par ordi qui ressemble à un jeu vidéo bas de gamme. Mais peut-être que ça aussi, c’est faux, je n’ai pas tué, ça fait juste parti de vos manigances, des règles du jeu… Alors maintenant, je vais où ? C’est ce que vous vouliez non, que je sois ici ? Vous avez tout fait pour ! Grinça Dean, furieux.

Laurenn ne répondit pas tout de suite. S’il comprenait la soudaine colère de Dean, il ne pouvait se permettre de lui donner raison et de le laisser exploser ainsi. Alors il l’entraîna sans ménagement vers un bloc de simulation. Un homme de haute stature les attendait.

- Capitaine Taumbah, voici Dean Johnson, notre dernière recrue, annonça Laurenn, puis se tournant vers Dean, il ajouta froidement : le capitaine te donnera toutes les instructions. Je ne suis pas habilité à poursuivre cet entretien avec toi.

Puis il fit demi-tour et laissa là le jeune homme abasourdi. Le capitaine laissa immédiatement tomber son masque affable.

- Alors comme ça, c’est tout ce qu’ils ont trouvé ? T’envoyer à moi ?
- Je n’ai pas fait exprès, s’excusa Dean, avant de se rendre compte que les excuses étaient inutiles et infantiles.
- Écoute-moi bien, Johnson, ici c’est moi qui commande. Les tueurs de premiers qui viennent ici pour sauver leur petit cul, quand ils arrivent ici, ils supplient leur mère et préfèrent retourner dehors, t’as bien compris ?
- Oui.
- Oui capitaine, tu te crois où là ? Avec tes copains ? Ici tu n’as pas de copains et j’y veillerai, je te le garantie. Alors maintenant, tu vas poser ton joli cul là-dedans et tu vas la boucler. Tu vas faire ce qu’on te dit parce qu’ici, tu n’es plus le petit prince.

Dean serra les dents et se força au silence. À quel moment avait-il était « le petit prince » ? Jamais. Pas dans ce monde-ci en tout cas. Il s’installa dans le siège et laissa un assistant lui coller les électrodes un peu partout. Lorsqu’il abaissa le casque sur ses oreilles et ses yeux, il entendit tout d’abord un brouhaha indistinct. Puis il reconnut des voix. Celles d’autres participants. Puis celle du capitaine se fit entendre, pleine d'une fourberie redoutable.

- Messieurs Dames, un bizut vient de se connecter. Saluez le comme il se doit, c’est le dernier petit protégé des dignitaires : un tueur de premiers. Il a bien ouvert sa gueule là-haut, je vous laisse le soin de lui rappeler sa place.

Un murmure confus parvint jusqu’à Dean. L’enfer venait de commencer.

À suivre…
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