[ACCEPTÉE] Correctrice - A bonne poire, belle Ebene !

Parfois, on se surprend à aimer celui qui, on le sait, nous est à jamais inaccessible et souvent, cet amour est si fort qu'il en devient douloureux. À chaque fois qu'on le voit, on a le cœur qui se fait écraser au rouleau compresseur sur une route de verre pilé. C'est malsain. Il n'aurait jamais fallu tomber amoureux de cette personne-là, c'est du masochisme, de la débilité profonde, de la c*nnerie brute. À chaque fois qu'on commence à aimer, on sait comment ça va finir : on va échouer et on va en crever. J'aurais mieux fait de me coudre les yeux, la veille de notre rencontre !

De toute façon, c'est trop tard. Il n'y a pas de contrepoison à cet horrible venin. L'amour, ce poison noir, coule à présent dans mes veines. Je n'y suis pour rien, je suis le triste spectateur de ma détérioration. Je suis comme un cadavre, je subis ma décomposition sans pouvoir bouger. Ma raison veut arrêter le processus que tout mon corps désire. Je sens les chaînes se refermer sur mes poignets et des clous s'enfoncer dans mes articulations. Je suis comme crucifié à mon désir. Mon corps, en pesant sur mes liens, déchire peu à peu ma peau. Je ne serais que lambeaux, image de mon esprit déchiré, de mon âme mutilée ; un avatar de moi-même qui errera sans but, écorché vif, saigné à blanc. Je ne serai qu'un zombie vivant de sa propre souffrance, un gladiateur brisé traînant son corps douloureux dans l'arène de la vie. Mon cœur sera de pierre, froid comme la glace, solide comme le diamant. Les larves de la dépression se nourriront de mes chairs putrides.

Dites-moi... qu'y a-t-il de plus débile que l'amour, ce sentiment qui vous pousse à faire des c*nneries, qui vous fait regarder l'autre d'un air de merlan frit, qui vous rend faible, qui fait de vous des pions, qui vous prive de votre libre-arbitre, qui aspire votre bonheur ? Qu'y a-t-il de plus beau que ce maudit amour, qui vous emmène dans le rêve, qui donne un but à votre existence, qui vous fait avancer ? Après tout... le malheur n'est parfois qu'un pas vers le bonheur. Le seul problème dans tout cela, c'est que je ne l'atteindrai pas.

Il ne m'aimera pas, nous ne serons à jamais que des amis. Pourtant, j'ai tant besoin de lui, de ses bras, de ses lèvres ! Même si je le pouvais, je ne le laisserais pas m'aimer : je suis sali au plus profond de moi-même, violé dans les incestes forcés de mon consanguin. Qui voudrait aimer un homme qui couche avec son propre frère ? Qui voudrait croire qu'un homme peut violer son propre frère, quand bien même les deux seraient homosexuels ? On croirait plutôt à une perversion horrible, une hyperbole de la "déviance sexuelle", la phase terminale de ce que Freud a appelé une tare. Cette tare qui est la mienne.

Il faut que je me change les idées, que je me vide de ces pensées morbides et masochistes ; il faut que je chante, que je me détende.